Les médias d’Etat chinois ont salué mercredi le « potentiel énorme » des relations avec la Russie, après la signature d’un accord pétrolier de 85 milliards d’US $, au moment où certains analystes affirment que cet accord masque le malaise de Moscou à propos de l’influence montante de Pékin en Asie centrale. L’accord cadre entre Rosneft, premier producteur coté au monde de pétrole brut et Sinopec, le géant pétrolier chinois a été annoncé lors d’une visite du Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, durant laquelle environ 20 accords ont été signés dans différents domaines.
Medvedev a déclaré, dans un chat en ligne avec des internautes chinois : « Cela représente 100 millions de tonnes au cours de la prochaine décennie, pour un montant total de 85 milliards de dollars US. «C’est une grosse somme d’argent pour un seul pays, même pour la Chine », a t-il ajouté. « Les relations bilatérales n’ont jamais atteint des niveaux aussi élevés. C’est une bonne chose parce que nous sommes voisins », a t-il dit lors du chat, organisé au siège de Pékin de Xinhua, l’agence de presse officielle de la Chine.
China Daily, un journal pro-gouvernemental a donné l’information de cette visite sur sa page d’accueil ce mercredi, tout comme l’a fait le Global Times, proche du Parti Communiste au pouvoir. « La Chine et la Russie se sont soutenu sur la scène internationale pour les questions d’intérêt commun », a indiqué le journal dans un éditorial. «Leur promesse de partenariat tous azimuts appelle à davantage d’efforts concertés de suivi. La coopération énergétique et technologique ainsi que les investissements mutuels, en particulier, sont un énorme potentiel à exploiter », a t-il ajouté.
Dans son chat en ligne, Medvedev a déclaré que la Russie et la Chine cherchent à augmenter leur volume annuel d’échanges commerciaux bilatéraux à 100 milliards de dollars US en 2015 et à 200 milliards de dollars US d’ici à 2020, contre 88 milliards de dollars US actuellement.
Jingdong Yuan, professeur agrégé de science politique à l’Université de Sydney, spécialisé dans la défense et la politique étrangère chinoises, a déclaré que du point de vue de la Russie, « en dépit des évolutions positives, le développement continu de la Chine reste quelque chose Moscou doit accepter. L’influence croissante de la Chine en Asie centrale n’est pas quelque chose que Moscou est heureux de voir ». « Mais pour l’instant, ces questions de perception et d’autres qui pourraient se poser entre eux ont été bien gérées, pour permettre à la fois de se concentrer sur les défis les plus positifs et aussi les plus imminents auxquels ils sont confrontés », a t-il ajouté.
Aujourd’hui, les deux pays coopèrent souvent au Conseil de sécurité de l’ONU, mais pendant la guerre froide, ils étaient alliés à des moments et divisés à d’autres. La visite de Medvedev – qui a coïncidé avec des voyages en Chine du Premier ministre indien Manmohan Singh et du Premier ministre mongol Norov Altankhuyag – devait se conclure mercredi avec un voyage dans la province orientale de l’Anhui.