Historique
Du monopole dEtat à loligopole public
La libéralisation de 1978 a abouti à créer quatre banques principales
Le système bancaire chinois était confiné, avant la libéralisation de léconomie, au financement des projets des autorités, à travers la Peoples Bank of China. Entre 1978 et 1994, quatre banques dEtat seront introduites, dotées dun monopole dans leur secteur dactivité :
- la China Construction Bank (CCB), chargée de financer le développement des projets dinfrastructure du secteur public ;
- lIndustrial and Commercial Bank of China (ICBC), pour la fourniture de crédits au secteur public industriel et commercial ;
- la Bank of China (BoC), pour le financement du commerce extérieur ;
- lAgricultural Bank of China (ABC), pour le crédit aux projets agricoles.
La libéralisation du secteur, introduite par la Commercial Bank Law de 1995 mettra fin à ces monopoles. Ces banques développeront alors une activité commerciale, en se diversifiant vers tous les domaines de léconomie même si chacune garde une prédilection pour son secteur dorigine en concurrence avec dautres banques ; leur place reste néanmoins prépondérante.
Dautres banques de moindre importance complètent le secteur
La loi de 1995 confiera les missions de service public précédemment exercées par ces banques, à 3 banques spécialisées (environ 8 % des actifs) :
- la National Development Bank, chargée de financer le développement des projets publics prioritaires, identifiés par la planification ;
- lExport-Import Bank of China, pour le commerce extérieur ;
- lAgricultural Development Bank of China, pour le secteur agricole.
Des banques à capitaux mixtes (12 en 2007) ainsi que des banques commerciales urbaines (124) en général, de moindre taille vont aussi se développer, avec la participation des collectivités locales ou de sociétés détenues par ces collectivités ; elles totalisent environ 20 % des actifs. Leur objectif est de financer le développement local, et notamment les PME.
La Postal Savings Bank qui gère des dépôts aussi importants que ceux des quatre grandes banques, mais ne peut faire de prêts aux entreprises et 9 000 coopératives de crédit complètent le secteur formel ; elles ne représentent quune faible part des actifs, respectivement 0,5 % et 3,3 % du total.
La crise des créances douteuses a révélé la fragilité du secteur bancaire
Lattribution des prêts par les banques dEtat sans une prise en compte suffisante du risque, notamment à légard des entreprises publiques, conduira au développement des créances douteuses dans le bilan de ces banques ; celles-ci représenteront 36 % des créances en 1999.
Entre 1999 et 2006, 325 Md USD seront transférées à quatre structures de défaisance (Assets management companies – AMC), placées sous la tutelle du Ministère des Finances. Fin 2007, les créances douteuses des banques commerciales se montaient encore à 1,3 billion CNY (6,2 % du total).
Ladhésion à lOMC a accéléré limplantation des banques étrangères
Les banques étrangères se sont installées dès louverture du secteur, en 1978, afin daccompagner les activités des sociétés étrangères en Chine. Lautorisation deffectuer des opérations en yuan, suite à ladhésion à lOMC, en 2001, accélèrera leur implantation en Chine.
Notamment, toutes les grandes banques françaises y sont présentes.
Une trentaine de banques étrangères avaient, en octobre 2008, procédé à lincorporation de leur société, le plus souvent détenue en totalité (wholy owned foreign entreprise WOFE). Cette incorporation leur permet dêtre considérées comme des banques locales, et daccroître leur accès aux ménages et aux sociétés chinoises pour leur proposer leurs services.
Un rôle prédominant, une libéralisation progressive
Les banques ont un rôle prédominant dans le financement de léconomie
Le financement des entreprises est assuré à près de 90 % par le crédit bancaire ; le recours à lactionnariat privé reste peu développé ; lémission dobligations, autorisée en 1982, sest interrompue, après une forte progression en 2005, du fait des contraintes mises à ces émissions.
Fin 2007, les dépôts bancaires se montaient à 40,1 billion CNY (+ 15,2 % par rapport à 2006). La part des ménages et celle des entreprises privées / organismes publics atteignaient respectivement 17,6 billion CNY et 14,5 billion CNY (+ 5,8 % et + 21,8 % par rapport à 2006). Les prêts bancaires atteignaient 27,8 billion CNY (+ 16,4 % par rapport à 2006), dont 11,9 billion CNY à court terme et 13,9 billion CNY à moyen et long termes.
Les bénéfices nets après impôts, le taux de retour sur actions (return on equity – ROE) et le taux de retour sur actifs (return on assets – ROA) se montaient à 446,7 Md CNY (62,9 % des revenus des intérêts, 27,4 % des rendements des investissements), 16,7 % et 0,9 % (un taux bas par rapport aux normes mondiales).
Lactivité bancaire reste fortement encadrée par les autorités
La libéralisation bancaire est menée avec circonspection, vis-à-vis dun secteur mal connu des autorités. Lautorité de régulation, la China Bank regulatory Commission (CBRC) maintient un cadre strict pour le développement des banques, soumises par exemple à la nécessité dune filiale pour chaque activité et à autorisation douverture pour chaque agence.
Lattribution de crédit est encadré, dune part par un taux de croissance annuel, dautre part par limposition dun ratio dadéquation au capital (capital adequacy ratio – CAR ; celui-ci a atteint, en 2007, le taux requis de 8 %). En conséquence, le rapport prêts / dépôts en Chine (près de 67 %) est lun des plus bas au monde.
Par ailleurs, la Banque centrale (Peoples Bank of China – PBoC) a, depuis 2005, encadré le crédit par une politique monétaire de plus en plus restrictive, au fur et à mesure de laccroissement des excédents de la balance des paiements et du risque dinflation. Ainsi, lexcès de liquidités a été stérilisé à un coût croissant pour la PBoC, comme pour les banques qui y étaient soumises, du fait dun faible rendement par la hausse des taux dintérêts et la hausse du taux de réserves obligatoires, monté jusquà 17,5% fin 2008.
Cet encadrement du crédit sest révélé pénalisant pour les banques de taille modeste, qui ne bénéficiaient pas de la liquidité des grandes banques. Le ralentissement de léconomie a conduit à relâcher, voire abandonner, cet encadrement, à compter de septembre 2008 : lencadrement du crédit avait alors été desserré, sauf pour les cinq plus grandes ; le taux directeur et le taux de réserves obligatoires avaient été abaissés. Début novembre, la PBoC a annoncé la suppression du contingentement du crédit.
Toutefois, ce relâchement relève davantage dune nécessité imposée par la conjoncture que dune révision au fond de la régulation du secteur par la CBRC et la PBoC. Elles sen tiennent à une approche stricte pour imposer les priorités de la politique économique, notamment le contrôle du taux de change, à partir dun arsenal de mesures aux effets potentiellement pénalisants pour les opérateurs, notamment ceux de taille la plus modeste.
Le système bancaire chinois
Source : Missions économiques Beijing, Shanghai, Canton