Malgré ces performances exceptionnelles, on observe une tendance structurelle à la décélération de l’excédent. Plus dépendant des cycles économiques étrangers que par le passé, le commerce extérieur chinois est devenu plus vulnérable à un ralentissement de l’investissement mondial notamment en raison de son exposition accrue aux exportations de biens d’équipement et technologiques. L’accélération du rythme d’appréciation du yuan par rapport au dollar devrait aussi peser à moyen terme sur la croissance des exportations alors que l’augmentation du prix international des matières premières et la vigueur de la demande interne devraient contribuer à une croissance soutenue des importations.

1. Cadrage

L’une des trois premières puissances commerciales mondiales.
Troisième exportateur mondial après les Etats-Unis et l’Allemagne, la Chine a dégagé en 2007 le 2e excédent commercial du monde (262 Mds USD) derrière l’Allemagne (288 Mds USD). Depuis 2005, la croissance des exportations chinoises a en effet été supérieure de 8 points en moyenne à celle des importations, créant d’importants excédents commerciaux. Entre 2004 et 2007, tandis que les échanges en valeur augmentaient de 88 %, l’excédent commercial était multiplié par 8 à 262 Mds USD. Cette phase de forte expansion des excédents commerciaux a été un facteur essentiel de l’accélération du PIB chinois sur la période : alors qu’entre 2000 et 2004 la contribution du commerce extérieur net à la croissance du PIB ne dépassait jamais 1 pt, elle a doublé depuis 2005 pour approcher les 3 pts en 2007. En 2007, 43 % des exportations (contre 29 % en 2000) sont constitués d’équipements électriques et mécaniques reflétant la transformation de la structure industrielle chinoise vers des productions plus capitalistiques et plus technologiques. En revanche, la part des biens intensifs en main d’oeuvre (vêtements, jouets) dans les exportations a légèrement baissé au cours des dernières années (la part des vêtements est passée de 6 % en 2003 à 4 % en 2007). En incluant les réexportations transitant par Hongkong, environ la moitié des exportations chinoises ont pour destination l’Amérique du Nord et l’Europe. La Chine enregistre toujours des excédents massifs visà-vis des Etats-Unis (163 Mds USD) et de l’Union européenne (134 Mds USD), mais l’année 2007 a marqué la progression très rapide de l’excédent chinois vis-à-vis de l’UE (+47 %), tandis que celui vis-à-vis des Etats-Unis a au contraire commencé à ralentir (+13 % contre +26 % en 2006). Conjugué à la sous-évaluation du yuan et à des pratiques commerciales chinoises jugées inéquitables ou illégales, le déséquilibre des échanges de ces deux zones avec la Chine constitue un sujet politique toujours plus sensible. Les Etats-Unis (en 2006) et l’UE (en 2007) ont donc engagé un dialogue stratégique de haut niveau avec les autorités chinoises afin de remédier à la situation.

Excédents record en 2007, mais en ralentissement. En 2007, les exportations chinoises ont progressé de 25,7 % totalisant 1 218 Mds USD alors que les importations atteignaient 956 Mds USD en hausse de 20,8 %. L’excédent commercial a atteint un niveau record à 262 Mds USD, en progression de 48 % par rapport à 2006 (177 Mds). Bien que toujours très élevé, ce chiffre marque un ralentissement par rapport aux années précédentes (+218 % en 2005 et +74 % en 2006). De fait, une décélération de l’excédent commercial mensuel chinois est perceptible depuis l’été 2007.

Impact limité des mesures fiscales, des crises de qualité et de l’appréciation du yuan.

Sous l’effet de la suppression des remises fiscales à l’exportation, de l’introduction de restrictions à l’exportation sur une série de produits sensibles (céréales et productions consommatrices en énergie) mais surtout de la baisse des commandes américaines, la tendance à l’accélération des exportations à l’oeuvre depuis juillet 2006, s’est nettement inversée au second semestre 2007. Plus précisément, la suppression des remises de TVA sur certains types d’exportations1 a manifestement pesé sur le non processing trade, dont la croissance a culminé juste avant l’entrée en vigueur de la mesure puis a sensiblement diminué entre juillet et octobre 2007. Au contraire, cette mesure n’a pas affecté le processing trade (qui représente la moitié des exportations chinoises et la quasi-totalité de l’excédent), exempté de TVA et dont la croissance est restée stable. En revanche, l’appréciation du yuan par rapport au dollar américain (+6,5 % en 2007) ne semble pas encore affecter les échanges. La hausse du coût du travail consécutive à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le contrat de travail – de 10 à 25% selon UBS – ne devrait être répercutée que progressivement dans les prix à l’exportation. Jusqu’à présent, leur hausse (+6,6 % en décembre) qui demeure en ligne avec celle de l’indice des prix à la consommation ne semble donc pas refléter de tensions sur les capacités de production. De même, les inquiétudes concernant la qualité et la sécurité des produits chinois ont peu affecté les commandes des produits concernés. Sur le segment le plus emblématique des jouets, les exportations affichent, par exemple, une progression de 56 %. La croissance des importations est restée soutenue, passant de 18 à 20 % au 2nd semestre sous le double effet de l’envolée du prix des matières premières – qui pèse sur la valeur unitaire des importations en hausse de 10,6 % en décembre 2007 – et de la vigueur de la demande interne (hausse de 16 % en volume)

2. Analyse sectorielle : plus de valeur ajoutée

Le solde des échanges chinois était constitué en 2007 d’un excédent massif de 443 Mds USD sur les produits manufacturés minoré par un déficit de 181 Mds USD sur les matières premières. La Chine réalise ses principaux excédents dans le secteur textile (177 Mds USD) et dans celui des biens électroniques et des équipements électriques (148 Mds USD). Ils contribuent pour 40 % à la croissance de l’excédent total. Le principal changement en 2007 est l’apparition d’un excédent sur les machines et les équipements mécaniques, reflétant la montée en gamme de la production domestique et l’augmentation de la valeur ajoutée chinoise dans le processing trade, lequel représente 95 % de l’excédent commercial chinois. Une forte progression est également enregistrée dans le secteur de la métallurgie, dont les exportations et l’excédent commercial ont respectivement augmenté de 46 et 61% (à 50 Mds USD).

En 2007, les importations liées au processing trade ont représenté 38 % du total, une proportion en légère baisse par rapport à 2006 (42 %). Les équipements électriques demeurent le premier produit importé (27 %) devant les machines-outils dont la part continue de baisser (13 % contre 17 % en 2003). Celle des équipements optiques est passée de 6,0 à 7,5 % sur la même période. On constate une très forte progression des importations de combustibles et de minerais qui représentent 17 % du total en 2007 contre moins de 9 % en 2003. En 2007, le fort accroissement de la production industrielle – et métallurgique en particulier – s’est traduit par des importations massives de minerais métalliques (+58 %), de charbon (+51 %) et de produits pétroliers (+18 %). La croissance des importations de matières premières (+30 % en 2007) provient autant d’un effet volume que d’un effet prix. La valeur unitaire des importations de matières premières a ainsi progressé de 40 % en décembre. Les importations de matières premières représentant désormais un quart de la valeur totale des importations (contre 16 % en 2000), la hausse de leur prix sur les marchés internationaux est appelée à peser de plus en plus lourdement dans la balance commerciale chinoise. Ceci incite la Chine à intensifier sa politique d’investissement à l’étranger dans ce secteur (exemple récent : l’entrée du métallurgiste Chinalco dans le capital de Rio Tinto en janvier 2008).

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Le commerce extérieur de la Chine en 2007

Source : Missions économiques Beijing, Shanghai, Canton